La colère des Français est si grande après 5 jours de mobilisation inutile contre la réforme des retraites que, désormais, tout peut arriver pour faire plier l’exécutif. Quoi que ce soit.

Après deux semaines de débats houleux à l’Assemblée, après cinq jours de forte mobilisation dans la rue appuyée par un rejet massif du projet de loi par 72% de la population, que faut-il faire pour que l’exécutif comprenne enfin que sa réforme des retraites doit être retiré? Retiré devant le peuple, exaspéré, explose de colère, comme cela s’est produit, quelques fois, au cours de notre Histoire.

Les apparatchiks

Car ce projet de réforme est incompréhensible. Ambiguïté sur les carrières longues, sur la pension minimum de 1200 €, sur les 43 ans de cotisations pour ceux qui ont commencé à travailler tôt. Plus on nous explique, moins on comprend ce texte, mal ficelé, mal présenté, incohérent, bourré de chiffres contradictoires. Un vrai concentré de jus tête de mort de technocrates déconnectés qui n’ont absolument aucune idée de la réalité du terrain, celle du travail et de la retraite.
D’ailleurs, combien d’entre eux ont vraiment « travaillé » dans leur vie ? Oui, travaillé dans une usine ou dans un champ, sur le cul du patron, avec des horaires stricts, des cadences infernales et des salaires de misère ? Et, à la fin de la journée, une retraite de merde.
Olivier Dusopt ? Le ministre du Travail qui s’est cassé la voix pour défendre une réforme indéfendable n’est rien d’autre qu’un apparatchik, un militant politique permanent qui a fait carrière dans l’ombre du parti socialiste. Il fut élu puis ministre. Sa vieillesse est assurée.
Gabriel Attal ? Le ministre délégué aux Comptes publics est un autre superbe apparatchik qui a également fait carrière dans le sillage du Parti socialiste. A l’Assemblée comme devant les caméras et les micros, il n’est pas avare de ses propos. Il prêche la bonne parole, fait des phrases souvent creuses, dit tout et son contraire avec un aplomb à couper le souffle. Il n’a pas non plus à se soucier de sa retraite.

« Décaler l’âge légal serait hypocrite » (Macron 2017)

Quant à Emmanuel Macron, il prend le gâteau. S’il peut se moquer de la division de l’opposition « sans boussole » et « totalement perdue », affirmant que cette réforme est « indispensable », il laisse la Première ministre, Elisabeth Borne et les deux ministres cités plus haut, aller au front, préférant pour s’occuper, lui, de politique étrangère, loin des élucubrations de la populace.
A-t-il oublié ce qu’il a dit lors de la campagne électorale de 2017 sur le report de l’âge légal de la retraite ?
Citons-le : « Dans les cinq prochaines années, je ne propose pas de déplacer l’âge de la retraite. Ce n’est pas juste. Et ceux qui sont sacrifiés sont ceux qui ont maintenant environ 60 ans. Faut-il relever l’âge légal de la retraite, qui est désormais de 62 ans ? Je ne pense pas. Pour deux raisons : la première est que je me suis engagé à ne pas le faire. Il vaut mieux faire ce que nous avons dit. Parce que nous faisons une réforme beaucoup plus large, beaucoup plus profonde, qui consiste à créer une réforme par points. […] La deuxième raison est que tant qu’on n’aura pas réglé le problème du chômage dans notre pays, franchement, il serait assez hypocrite de décaler l’âge légal.

Les faire-valoir de la Macronie

Comment les Français peuvent-ils croire les politiciens après un tel parjure ? Comment les ministres peuvent-ils défendre un texte qui propose aujourd’hui le contraire de ce qu’ils défendaient avec la même force il y a six ans ?
A moins, comme je le crois, de simples faire-valoir de la Macronie, des carriéristes sans convictions, des mercenaires politiques, passant d’un camp à l’autre, au gré de leurs intérêts personnels, sans aucune honte.
C’est peut-être pour ça que les Français les méprisent tant, qu’ils sont de plus en plus nombreux à ne pas aller voter pour cette classe politique médiocre et immorale.
Cependant, aujourd’hui, il ne s’agit pas seulement de mépris. Il s’agit de colère et même de rage contre l’exécutif qui s’est approprié la démocratie ; contre une poignée d’hommes et de femmes qui ne veulent pas entendre la volonté du peuple.
Après 5 jours de mobilisation digne dans toute la France, la journée du 7 mars 2023 s’annonce comme un soulèvement populaire d’une rare ampleur durant lequel tout peut arriver.
De qui est-ce la faute?

Le texte sur les #retraites poursuivra son parcours au Sénat. Le #7mars les organisations syndicales et les millions de travailleurs qui les fourniront diront encore plus fortement #64ansCestNon. La voix du monde du travail s’exprime à travers elles. Ne la travestis pas.

— Laurent Berger (@CfdtBerger) 18 février 2023